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Déjeuner en paix

Publié le 20/12/2017 - 13:27
Vaches au cornadis. © M.Ballan/Pixel image

En France, viennent de se tenir les États généraux de l’Alimentation. On y a surtout parlé de qualité des produits. En Afrique, de tels États généraux auraient tout autant leur place. À l’aulne des centaines de millions de personnes qui ne mangent pas à leur faim, il faudrait, en plus de la qualité, parler de la quantité des produits disponibles.

Il y a là un dilemme. Tenez, fin octobre, j’ai visité un élevage bovin en construction près de Constantine, en Algérie. Tenu par une fortune locale (et nationale), l’établissement est destiné à accueillir 1000 vaches laitières (60 actuellement). L’élevage est conduit en « zéro pâturage ». C’est-à-dire que ces holstein de compétition importées d’Italie, traites trois fois par jour et produisant 9000 kg de lait annuel, déjeunent en permanence au cornadis. Ensilage, enrubannage et concentrés au menu. Ajoutez-y 1500 hectares de cultures (céréales, foin, luzerne…) et des importations de soja et de maïs. 

Certes, le lait est certainement moins goûteux que celui d’une brave montbéliarde gambadant dans les prés jurassiens et produisant 3500 kg de lait par an. Mais, lait il y a. Car, pour l’heure, les Algériens consomment surtout de la poudre de lait d’importation. Leur pays est largement déficitaire en production laitière. 

Alors, faut-il reproduire des fermes familiales versions Jura sur les hauts plateaux algériens. Pourquoi pas. C’est un peu ce que tentent d’impulser les Bretons avec leur plan Alban, d’appui aux éleveurs laitiers, dans les Wilayas de Blida, Relizane et Souk Ahras.

Plus généralement, l’Afrique gagnerait à développer ses fermes familiales. Dix, vingt, cinquante hectares. C’est une façon de lutter contre la faim et de contrôler la qualité des produits. Cerises non négligeables sur le gâteau, ce modèle d'agriculture maintient l’emploi en milieu rural et est bon pour le moral des paysans. Mais voilà, il faut de l’argent, des infrastructures, des banques... 

La communauté internationale a sa responsabilité. Les pays développés, et notamment les anciens pays colonisateurs, doivent aider le continent à progresser. Sans faux-semblants, avec justice et bienveillance. Il en va de la sécurité alimentaire des Africains. Et de la sécurité de tous si l’on veut continuer à déjeuner en paix.

 

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