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Burkina Faso

Aviculture : les asticots pour booster la croissance de la volaille

Publié le 25/10/2023 - 16:00
Justin, le jeune entrepreneur dans son uniforme de travail. Photos : Faïshal Ouédraogo

Au Burkina Faso, la flambée des prix des denrées alimentaires se fait sentir jusque dans les poulaillers. Face à cette augmentation, de plus en plus de producteurs se tournent vers les asticots pour supporter leurs charges et, mieux encore, favoriser une croissance rapide des sujets.

À l’entrée d’une vaste cour abandonnée au secteur 5 de Koudougou, une forte odeur se dégage. Une cour de 300 m2 avec une seule pièce à l’intérieur. Une partie du local sert de jardinage et de l’autre côté, un hangar érigé, clôturé de grillage. À l’intérieur, des bidons coupés en deux contenant chacun des substances en décomposition. Difficile d’approcher les pots sans masque. L’odeur est forte et les mouches pullulent autour des pots. Les mains gantées, Justin remue la substance et l’odeur envahit toute la cour.

Justin, entrepreneur des asticots.
Produire des asticots, c’est un métier que Justin exerce depuis maintenant trois ans pour nourrir sa volaille et supporter les frais de l’alimentation. « Face à la hausse des prix des aliments sur le marché, nous avons fait des recherches et c’est là que nous avons découvert que les mouches soldats noirs ou mouches domestiques contiennent de la protéine pouvant aider les sujets dans leur croissance » dit-il.

Le processus de production

La production d’asticots de mouches soldats noirs se déroule en plusieurs phases et regroupe plusieurs gammes de substrats. « Il faut le son de maïs, du riz, les résidus des basseries, les fientes de poulets, les crottins de lapins », énumère-t-il. Avec tout cela, « il faut des géniteurs qui sont des mouches. Ensuite, récolter les œufs de ces mouches pour les mettre en incubation, puis nourrir les larves qui vont sortir des œufs ».

Cette première étape dure trois semaines, à l'issue desquelles les larves auront emmagasiné assez de nutriments pour passer à la phase mouche. « C'est à cette période-là qu'on les utilise pour nourrir les sujets », précise-t-il.

Une poignée d'asticots.
La durée de production peut également dépendre de la volaille à nourrir. « Pour nourrir des poussins d’un à cinq jours, il faudrait récolter les asticots au troisième jour, car en ce moment ils sont petits. Pour les poulets, il faut carrément attendre après le cinquième jour », explique Justin.

Étant dans une dynamique de recyclage de la matière organique, Justin utilise également des déchets humains hors d’usage pour accélérer la production des asticots. « Nous utilisons les déchets de cuisine, les avocats et ananas pourris que nous ramassons au marché de fruits pour bioconvertir et accélérer le processus de transformation ».

Moins cher et riche en nutriments

Le prix d’un kilogramme d’asticot coûte en moyenne 500 F CFA, alors que le kilogramme d’aliment volaille coûte entre 700 et 1 000 F CFA. En plus d’être moins cher, « les asticots contiennent de la graisse, des lipides, des glucides et 46 à 50 % de protéines qui favorisent la croissance rapide des sujets et facilitent l'acquisition de bons œufs et en grande quantité », affirme l’agent technique d’élevage, Pascal Gnana.

Cependant, poursuit le technicien, les asticots sont utilisés comme compléments alimentaires et ne remplacent pas l’aliment volaille. Ils permettent d’accélérer la croissance rapide des sujets. « Lorsque vous associez les asticots à l’alimentation de la volaille, en deux mois et demi ou trois, vous pouvez les évacuer », ajoute-t-il.

Outre la volaille, les asticots peuvent également être utilisés dans l’alimentation des poissons, des porcs et des lapins.

Des clients satisfaits

Les principaux clients de Justin sont essentiellement à Koudougou, Ouagadougou et dans les autres villes du pays. Le jeune homme reçoit également des commandes du Mali, Niger et Côte d’Ivoire. Après avoir essayé un demi-sac d’asticots, le jeune aviculteur Sébastien Yaméogo a finalement adopté ces compléments alimentaires comme plan B pour ses poulets.

Il dit constater une croissance rapide de ses sujets. « Avec l’aliment volaille uniquement, je pouvais écouler tous les quatre mois, voire cinq. Depuis que je mélange les deux, je peux vendre chaque trimestre », fait-il savoir.

Mamadou Zoungrana, un autre client de Justin depuis deux ans, soutient également qu’en plus de la croissance, l’utilisation des asticots permet aux producteurs de faire des économies. « Avec les asticots, je peux économiser 6 000 à 7 500 F CFA sur les dépenses. Ce qui n’était pas le cas avant », se réjouit-il. Après le processus de transformation des résidus en asticots, l'engrais restant est vendu aux agriculteurs pour le maraîchage.

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