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Burkina Faso

Le karité fait son beurre à l’export

Publié le 12/03/2021 - 11:47
Boukary Zieba, gérant de l’entreprise Karilor de Ouagadougou, exposait du beurre de karité lors du Salon Siamap de Tunis, en 2019. Photo : Antoine Hervé

Grâce au projet Padifk, les exportations de karité sont passées d’à peine 53 millions de dollars en 2016 à près de 62 millions l’an dernier. Une bonne affaire pour les femmes burkinabées, très majoritaires dans cette filière.

Le Projet d’appui au développement intégré de la filière karité pour l’autonomisation économique des femmes (Padifk), mis en œuvre entre 2016 et 2019 au Burkina Faso, a stimulé les exportations des produits du karité. C’est ce qui ressort d’un récent rapport de la Banque africaine de développement (Bad).
Financé à hauteur de 993 000 dollars par un don du Fonds d’assistance au secteur privé africain (Fapa), ce Padifk avait pour objectif d’organiser, de structurer en organisations faîtières et d’accompagner le développement d’au moins 100 organisations réparties le long de la chaîne de valeur du karité au Burkina Faso. Il visait à favoriser le développement de la filière « par une approche intégrée », rappelle la Bad. Cela, pour « renforcer les capacités des acteurs des différents maillons de la chaîne de valeur, dont 90 % sont des femmes ».

Amandes, beurre et produits cosmétiques

Résultat positif : au terme de la réalisation du projet, les acteurs ont été organisés en maillon et en interprofession. « Le réseau mis en place est désormais opérationnel, explique-t-on au siège de la banque à Abidjan. Le Padifk a amélioré l’accès au crédit des acteurs de la collecte et de la transformation du karité auprès des institutions financières. Il a aussi élargi l’accès au marché des acteurs de la filière karité si bien que la valeur des produits exportés a fortement augmenté. » Résultat : les revenus des exportations de la filière sont passés de 52,7 millions de dollars américains en 2016 à 61,8 millions de dollars en 2019.
La filière burkinabée produit 400 000 tonnes d’amandes de karité par an. Elle est maintenant organisée en trois maillons : production (collecte et production des amandes), transformation (savon, beurre de karité et autres produits dérivés) et distribution/commercialisation (vente des amandes et des produits cosmétiques à base du beurre de karité, exportation) et l’interprofession qui en est donc la faîtière. Les différents maillons ont reçu leur récépissé de reconnaissance officielle en 2019.
Les principaux produits exportés par la filière sont les amandes, le beurre et les produits cosmétiques. Les principales destinations sont la France, le Ghana, la Malaisie, les Pays-Bas et l’Allemagne pour le beurre. Les amandes sont exportées en grande partie vers le Danemark, le Ghana, le Togo et l’Inde ; les produits cosmétiques vers le Togo, la France et les États-Unis.

150 000 membres dont 90 % de femmes

Au total, 150 000 membres des organisations ont bénéficié du Padifk en 2019, dont 90 % de femmes. « Le niveau d’exécution des activités se situe entre 90 et 100 % », souligne le rapport d’achèvement du projet, conduit par Alfred Régis Ouédraogo, spécialiste du développement social à la Bad. Le projet, dont l’assistance technique des cabinets et experts a représenté une partie très importante, a eu « un effet direct sur l’autonomisation économique des milliers de femmes bénéficiaires en améliorant leurs revenus ». Il a permis le renforcement des sources d’emploi dans la filière karité, de la collecte à la commercialisation en passant par la transformation et la valorisation des produits de karité.
Par ailleurs, le Padifk a accompagné 65 acteurs pour l’élaboration de leur plan de développement, dont au moins sept ont bénéficié de financement auprès des institutions financières, permettant d’améliorer leurs revenus. De manière indirecte, le projet a un impact sur la sécurité alimentaire, la santé et l’éducation grâce à la hausse des revenus dans des centaines de villages des régions d’intervention, notamment celles où se trouvent les peuplements les plus denses de karité, soit le Centre-Ouest, la Boucle du Mouhoun, les Hauts-Bassins et le Sud-Ouest du Burkina Faso.
« Le projet a été d’un grand apport pour nous, en ce sens que nous avons produit en quantité, en qualité et vendu plus de beurre de karité biologique pour la campagne 2019-2020, explique une présidente d’association de production de karité. L’acquisition des équipements et la formation ont été d’un apport considérable à la capacité de production et surtout à la qualité et à la réduction de la pénibilité du travail. »
Et de poursuivre : « Les changements opérés dans nos activités sont la suppression du barattage manuel et l’arrivée du barattage mécanique, la réduction du temps de travail d’au moins 15 %, l’automatisation des tâches. En plus, avec le filtre, nous obtenons un beurre répondant aux normes sur les impuretés. Et avec la remplisseuse d’huile et de crème, nous avons un gain de temps de travail d’environ 30 %. »

Zoom : près de 600 000 tonnes par an
Le Burkina Faso est le deuxième producteur mondial d’amandes de karité derrière le Nigeria avec une production annuelle de 450 000 à 600 000 tonnes. Les « acteurs du karité » et « bénéficiaires » sont essentiellement des femmes et des jeunes filles. La filière karité est quasi exclusivement gérée par les femmes, à toutes les étapes de la filière. Les quelques hommes qui ont pris part aux activités du projet appartiennent à des associations féminines.

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