En route vers une agriculture plus verte

À l’instar des autres secteurs, l’agriculture doit respecter l’environnement. Les traitements phytosanitaires, la fertilisation, l’irrigation sont de plus en plus adaptés. Les moteurs des tracteurs deviennent aussi plus « propres » en vue de la réglementation à venir. Explications.

La 44^e édition du Salon international de machinisme agricole Eima de Bologne (Italie) ferme ses portes ce soir après quatre jours d’expositions et de congrès. Malgré la pandémie toujours en cours, Eima – dix-neuf halls et plus de 100 000 mètres carrés – a accueilli 1 350 exposants dont 350 étrangers représentant une quarantaine de pays. Près de 450 délégations étrangères de soixante-dix pays ont arpenté les allées du parc des expositions de la capitale de l’Émilie-Romagne.

Bien que moins nombreuses que d’habitude, pour cause de Covid-19, quelques délégations africaines ont fait le déplacement. Des visiteurs sont notamment venus d’Égypte, du Maroc, de la Tunisie, d’Éthiopie, du Kenya, du Ghana, de la Tanzanie ou encore d’Ouganda.

Parmi les grands thèmes du cru 2021, figure l’agriculture dite de "nouvelle génération". « Les moteurs sont prêts pour la révolution verte, notent les organisateurs de ce Salon parmi les plus importants d’Europe, avec le Sima de Paris et Agritechnica à Hanovre (Allemagne). Les véhicules propulsés par des carburants respectueux de l'environnement sont déjà une réalité pour les constructeurs de moteurs de tracteurs. » Des innovations importantes du fait des changements qui seront probablement imposés par Bruxelles pour réduire les émissions de C0₂.

Aucune date butoir n’a encore été fixée pour l'entrée en vigueur de l'interdiction de vente des moteurs endothermiques pour les tracteurs et autres véhicules agricoles automoteurs. « Pour l'instant, nous parlons de plans de travail ouverts aux améliorations qui peuvent être apportées par tous les acteurs du monde agricole », expliquait Marco Pezzini, responsable du secteur des politiques européennes de FederUnacona, la fédération des fabricants italiens, à Eima.

L'industrie du machinisme agricole se dit prête à affronter la révolution verte. « Nous travaillons sur deux axes d'optimisation des moteurs pour les faire fonctionner avec des carburants respectueux de l'environnement, explique Diego Rotti, manager marketing chez Fpt Industrial. Mais il faudra encore du temps pour développer des solutions à base d'hydrogène ou d'électrification. » Même si, s’empresse-t-il d’ajouter, « il existe déjà des moteurs hybrides ou au méthane avec un impact environnemental moindre ».

Stefano Fiorani, directeur de l'innovation des tracteurs chez New Holland Agriculture est, lui aussi, confiant. « La route a été tracée, explique-t-il. Nous sommes prêts à répondre aux demandes. Notre société a déjà mis en production des machines à moteur au méthane et nous avons créé un prototype de tracteur spécialisé électrifié. »

Du côté de l’irrigation, qui s’étalait sur deux halls complets, la tendance est à la recherche de matériels plus performants et moins consommateurs d’eau. Les systèmes d’irrigation goutte-à-goutte avaient la part belle. Cette technologie est particulièrement adaptée dans les pays arides tels que ceux du Maghreb ou d'Afrique subsaharienne. « L’Afrique est pour nous un secteur d’avenir », explique Keith Bellin, chez Irritec Spa. Un état d’esprit que l’on retrouvait chez la plupart des exposants du Salon de Bologne.

Reste que le secteur agricole a plusieurs âmes. Cela va de l'élevage intensif à l'agriculture extensive, de la production spécialisée à l’agriculture biologique. Sans parler de ce qui se pratique sur chaque continent. Les machines utilisées nécessitent des technologies différentes. « Le changement ne doit pas nous effrayer, conclut Marco Pezzini, à Bologne. Cependant, il est essentiel que les entreprises travaillent en équipe. » C’est à ce prix aussi que l’agriculture mondiale deviendra plus verte et plus respectueuse de l’environnement.