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Il faut savoir

Publié le 14/07/2016 - 18:57
La grande misère est souvent muette. © Fotolia

Ces dernières semaines, nos cheminots et autres mécontents du temps qui passe ont passé près d’un mois à manifester. Je les invite à aller à Madagascar. Non pas pour conduire des trains. Il n’y en a presque pas. Mais pour voir de vraies raisons de se plaindre. Là-bas, les gens pourraient se plaindre de la faim, ou parce qu’ils n’ont pas de quoi se vêtir. Ou parce que près d’un enfant sur deux souffre de malnutrition aiguë… Traduction : certains vont mourir de faim.

Le raccourci est un peu facile, me direz-vous. Peut-être. Mais, la réalité est ainsi. Ces gens ont deux bras, deux jambes, un cœur… Comme les cheminots. Sauf que, si le cœur d’un Malgache s’enraye, bien souvent il n’a pas de mutualité sociale pour se faire rembourser. Rembourser qui ? Et de quoi, d’ailleurs ?…

Tenez, le mois dernier, lors d’un reportage au sud de l’île avec la FAO, j’ai vu un enfant brûlé. Il venait de tomber dans le feu. Brûlé sur les deux bras. Pourtant, étonnamment, il ne se plaignait pas. Il tremblait juste dans les bras de sa mère. Elle-même versait quelques larmes en silence. Ces deux-là n’avaient sans doute plus assez de larmes pour pleurer, plus assez de force pour crier.

La grande misère est souvent muette. D’ailleurs, il n’est pas besoin d’aller à Madagascar pour la voir. À Paris ou dans un village français, elle existe. Chez les paysans ou chez les autres.

« Il faut savoir », chantait Aznavour. Oui, il faut savoir faire preuve d’humilité et de décence quand on manifeste devant certains yeux. Un tiers des habitants de la planète vous envieront seulement le ventre plein et les chaussures aux pieds. Point question ici de privilèges ou d’heures supplémentaires.

Notre planète est une grande maison, une grande famille. Si ton frère ou ta sœur, de la porte d’à côté ou de l’autre bout du monde, vit mal, alors un jour, tu vivras mal aussi. Chaque homme, où qu’il soit, a besoin d’être respecté. Nous en sommes loin. Très loin. C’est sans doute contre cela qu’il faudrait d’abord manifester.

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