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Abdelkrim Anbari, agriculteur à Béni Mellal-Khénifra, Maroc

« Pourquoi j’ai choisi le goutte-à-goutte »

Publié le 31/03/2017 - 11:44
Abdelkrim  Anbari devant son bassin de rétention d’eau. Photo : DR

L’agriculteur marocain explique pourquoi il a remplacé l’irrigation gravitaire par le goutte-à-goutte sur son exploitation de 16 ha comportant notamment des grenadiers, des oliviers, des céréales et du maïs ensilage.

Depuis 2004, la région de Béni Mellal-Khénifra, plutôt aride et riche en argile, connaît une pénurie d’eau, due aux années de sécheresse qui ont fortement contribué à vider les nappes phréatiques. L’accès à l’eau souterraine est devenu un casse-tête en raison de la dégradation du réseau des canaux de leur faible débit. Devant cette situation Abdelkrim Anbari, agriculteur, a décidé de reconvertir une partie de son exploitation au goutte-à-goutte.  

Dans quel contexte avez-vous mis en place le goutte-à-goutte ?  

Abdelkrim Anbari : L’État a fortement encouragé les agriculteurs à s’orienter vers cette solution. Son objectif était, à l’horizon 2025, la substitution du mode d’irrigation gravitaire par le goutte-à-goutte. L’État a subventionné à hauteur de 80 %  le coût d’installation de ce système. Cette subvention a été plutôt de l’ordre de 60 % en ce qui me concerne, car tout ce qui est lié par exemple au branchement n’était pas pris en compte. La mise en place d’un tel dispositif coûte environ 70 000 dirhams/ha. Ce montant varie en fonction du choix des matériaux utilisés. 

Pour quelles raisons vous êtes-vous lancé dans ce projet ?

A. A. : J’ai installé en 2011 le goutte-à-goutte dans mes plantations d’oliviers et de grenadiers. C’est un procédé qui s’adapte plutôt bien aux cultures arboricoles car elles n’ont pas besoin de beaucoup d’eau. Chaque goutte est immédiatement absorbée par le sol. Le goutte-à-goutte demande moins d’effort physique et de mobilisation que le gravitaire, je peux effectuer d’autres tâches en même temps. Je me sens soulagé. 

Comment s’est déroulée cette mise en place ?

A. A. : Il m’a fallu attendre presque une année pour monter le dossier technique, cela a été long. Avant cette reconversion, l’agriculteur doit mûrement réfléchir. Ce nouveau choix doit être adapté aux orientations de son exploitation. La clé du succès réside dans un réel accompagnement de l’agriculteur depuis la conception du projet jusqu’à sa réalisation. Il faut avoir également à l’esprit que beaucoup d’agriculteurs ne savent ni lire ni écrire, c’est un élément important à intégrer dans cet accompagnement. 

C’est-à-dire…

A. A. : L’initiative doit venir de l’agriculteur. Certains exploitants ont échoué faute d’accompagnement de la part de l’État ou parce qu’ils se sont vu imposer ce plan de réforme. C’est à l’agriculteur de décider de changer son irrigation et d’en faire la demande. Il peut alors mieux s’y préparer. 

Quand j’ai installé le goutte-à-goutte, je suis allé un peu vite. Je n’ai probablement pas laissé assez mûrir le projet. Le conseil que je donnerai à un jeune agriculteur est d’aller d’abord interroger les agriculteurs qui ont installé un système similaire. Cela lui permet d’anticiper certains obstacles ou certains manques qu’il ne verrait pas forcément lors de l’installation, comme la formation, par exemple. 

Aujourd’hui, quel bilan faites-vous de cette orientation ?

A. A. : La mise en place du goutte-à-goutte a été pour moi l’occasion de changer de culture : de passer des légumes (oignons, courgettes) à l’olivier et au grenadier, mais aussi d’augmenter mes revenus. L’olivier et le grenadier ont généré respectivement 50 000 et 40 000 Dh/ha, alors que les légumes en dégageaient en moyenne 12 000. Pour la campagne 2015-2016, cela correspond à une production à l’hectare entre 6 et 7 tonnes pour le grenadier et 18 tonnes pour l’olivier.

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