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Au Nigeria, l’aviculture bat de l’aile

Publié le 01/09/2016 - 15:36
Daouda Aliyou, correspondant d’Afrique Agriculture au Nigeria. Photo : DR

L’Association des éleveurs de volailles du Nigeria (PAN) estime qu’à la date du 16 janvier 2016, 2,3 millions de cas de grippe aviaire avaient été recensés et 2 millions de volailles avaient déjà été abattues. Conséquence de l’épidémie de la grippe aviaire qui s’est déclarée en janvier 2015 à Port-Hacourt et à Lagos, au sud du Nigeria. Plus d’un an après, le bilan est catastrophique. Selon les données du centre de contrôle des maladies vétérinaires du ministère de l’Agriculture, 96 zones d’administration locale sur les 774 que compte le pays sont touchées par l’épidémie, dans 24 des 36 États de la fédération nigériane.

À ce jour, plus de trois millions de volailles ont été abattues. Pire, aucune mesure n’est annoncée par les autorités pour freiner cette épidémie qui se propage comme un feu de paille. Comment expliquer un tel développement au moment où le Nigeria compte faire de l’agriculture le pilier de son économie ? Une économie dont les signaux sont au rouge à la suite de la chute des cours du pétrole. La grippe aviaire est apparue en janvier 2015, à l’aube des élections générales dans le pays.

Les autorités étaient préoccupées par les campagnes électorales. Elles avaient prêté la sourde oreille aux cris de détresse des éleveurs de volailles qui avaient lancé un SOS au gouvernement fédéral. Ils demandaient des mesures appropriées pour freiner la propagation du virus et le dédommagement des éleveurs dont les fermes étaient affectées. Hélas, le gouvernement n’a pas réagi. De deux États affectés en janvier 2015, 24 sont aujourd’hui touchés. Cette situation met clairement en exergue la négligence du gouvernement vis-à-vis de l’agriculture, elle qui joue pourtant un rôle déterminant dans le développement du Nigeria aujourd’hui, représentant 37 % du PIB. Même le président Muhammadu Buhari, qui a pris ses fonctions le 29 mai 2015, ne semble pas prêt à sauver le secteur avicole. Et ce, en dépit de sa volonté de faire de l’agriculture le nouveau pétrole du Nigeria (lire l’article en page 28).

Depuis son arrivée au pouvoir, l’ex-général fait face à de nombreux dossiers brûlants, dont la secte islamiste Boko Haram, la chute du prix du pétrole et la corruption qui a atteint toutes les facettes de la vie socio-économique du Nigeria. Il va sans dire qu’un plan de sauvetage du secteur avicole ne semble malheureusement pas être pour demain. L’avenir de ce secteur est donc incertain. Pourtant, l’aviculture est la première forme de production de viande du Nigeria. Avec 350 000 tonnes par an, elle représente 46 % de la viande fournie par les élevages, et couvre 39 % des besoins de la population en viande. Elle produirait jusqu’à 650 000 tonnes d’œufs par an, si l’on en croit les statistiques. Aussi, le secteur avicole contribuerait à un quart du PIB agricole. Encore un coup dur pour ce secteur qui, pourtant, se repositionnait doucement après son déclin de 2006 à 2008, suite à une précédente épidémie de grippe aviaire.

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