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Sénégal

Dix nouvelles variétés d’arachide

Publié le 22/01/2018 - 12:33
Ces nouvelles variétés devraient permettre au Sénégal d’asseoir sa place parmi les plus grands producteurs mondiaux d’arachide. Photo : Agarianna/Fotolia

Obtenues par le Centre national de recherches de Bambey et homologuées par l’institut sénégalais de recherches agricoles, ces variétés devraient permettre de multiplier les rendements par trois et de replacer le Sénégal en tête des pays producteurs d’arachide.

 

En collaboration avec le Centre national de spécialisation (CNS), créé dans le cadre du Programme de productivité agricole en Afrique de l’Ouest (PPAAO/WAAPP), l’institut sénégalais de recherches agricoles (Isra) vient d’homologuer dix nouvelles variétés d’arachide. Dénommées Sunnu Gaal, Taaru, Yaakar, Rafeet kaar, Tosset, Essamay, Raw Gadu, Jaambar, Kom Kom et Amoul Morom, ces variétés ont été obtenues par le Centre national de recherche de Bambey (CNRA).

Conçues pour répondre à la problématique du changement climatique, ces variétés, dont la plupart ont un cycle de maturité de 90 jours, devraient permettre au Sénégal d’asseoir sa place de grand producteur mondial d’arachide. Mais également de stabiliser la production nationale. Ces nouvelles variétés se caractérisent par des rendements trois fois plus élevés que les anciennes semences cultivées jusque-là au Sénégal.

Une bonne teneur en huile

« Leur utilisation sera l’occasion de remplacer les variétés traditionnelles datant de plusieurs décennies, explique le Dr Alioune Fall, directeur général de l’Isra. Ces dix variétés ont été conçues dans un contexte spécifique lié aux changements climatiques. Elles peuvent s’intégrer dans des zones à la pluviométrie importantes, notamment dans la zone Sud pour remplacer une ancienne variété créée dans les années 1950 par l’Isra à Bambey, la 69.101 qui, sous le poids de l’âge, a perdu son rendement génétique. »

Si le rendement actuel tourne autour de 2,5 à 3 tonnes à l’hectare, les variétés découvertes devraient permettre une hausse du rendement. « Nous avons des variétés qui donnent jusqu’à 4,5 tonnes à l’hectare, poursuit le Dr Fall. Leur diffusion rapide permettra de stabiliser la production nationale et d’atteindre un certain niveau d’autosuffisance. Si l’on maîtrise les itinéraires techniques de production, la gestion de l’eau, on peut arriver à des records qu’on a jamais atteints au Sénégal. Et, vu l’importance de notre tissu industriel, il faut travailler à l’augmentation de la production pour satisfaire les industriels. »

Beaucoup plus résistantes au froid et aux effets du changement climatique, les variétés d’arachides nouvellement homologuées disposent d’une bonne teneur en huile (46 à 49 %) avec un potentiel de rendement en gousses de 2,5 tonnes et 3, 5 tonnes de fane à l’hectare. Selon le Dr Fall, les nouvelles variétés « s’adaptent aussi aux conditions de culture en zone sèche comme dans les bassins irrigués et s’intègrent parfaitement dans les zones à haute pluviométrie. » Selon les estimations, elles vont permettre de tripler les rendements actuels et d’améliorer la qualité nutritive de la graine sénégalaise.

 

La banque mondiale dans le coup
Pour ces nouvelles variétés, l’Isra peut compter sur l’accompagnement de la Banque mondiale. À travers son Programme de productivité agricole ouest-africain (PPAAO/WAAPP), cette dernière a « déjà contribué à la génération de 36 nouvelles technologies au profit des producteurs », explique Aïfa Niane, responsable du programme pour le Sénégal à la Banque mondiale. Elle invite le privé à s’impliquer dans le processus de reconstitution du capital semencier sénégalais. « La Banque mondiale va soutenir ce programme de multiplication de semences de ces nouvelles variétés pour qu’elles soient disponibles et accessibles aux producteurs dans les meilleurs délais », assure-t-elle. L’Isra compte produire, durant l’hivernage 2017, « au moins une trentaine de tonnes » au niveau de ses stations.

Les variétés d’arachides nouvellement homologuées disposent d’une bonne teneur en huile. Photo : 5PH/Fotolia

Oumar Sané, directeur de l’Agriculture : « Passer de 12 à 25 % de semences certifiées »
Pour le secrétaire général du ministère de l’Agriculture et de l’Équipement rural, Dogo Seck, la diffusion à grande échelle des nouvelles variétés par la recherche reste une équation à résoudre. Selon les statistiques, sur 80 % des terres consacrées à la production d’arachide au Sénégal, les variétés cultivées datent de plus de 30 ans avec des rendements qui atteignent à peine la tonne en milieu paysan. Le Dr Seck est donc convaincu qu’il ne s’agit pas seulement de générer de nouvelles technologies mais aussi d’assurer leur large diffusion dans le monde rural.
Pour s’inscrire dans cette dynamique de vulgarisation, le Sénégal annonce la création de fermes semencières en collaboration avec le secteur privé. Selon Dr Alioune Fall, directeur général de l’Isra, la diffusion à grande échelle des nouvelles variétés est devenue un enjeu pour stabiliser non seulement la production nationale mais aussi satisfaire les besoins des unités industrielles. Pour la coordonnatrice nationale du Ppaao/Waapp, Mariétou Diawara, la diffusion à grande échelle de ces nouvelles variétés « va permettre une augmentation significative de la production arachidière et, par conséquent, une nette amélioration des revenus des acteurs de la chaîne de valeur. » Le Dr Alioune Fall invite d’ailleurs le secteur privé à investir le créneau.
Pour sa part, le directeur de l’Agriculture, Oumar Sané, réitère l’engagement de l’État à « porter la disponibilité des semences certifiées de pré-bases et de bases de 12 à 25 % d’ici à 2017 ». Soit une mise à disposition d’environ 50 000 tonnes pour les producteurs. Sané plaide pour une « mutualisation des efforts et un partage des expériences » afin de mettre sur pied une véritable industrie semencière au Sénégal.
La libre circulation des semences dans la région est aussi un des objectifs de la nouvelle alliance. Le Dr Aboubakar Njoya, directeur de la recherche et de l’innovation du Coraf, a indiqué que cette question a été réglée grâce aux efforts entrepris par la Cedeao en matière d’harmonisation de la réglementation des semences dans la sous-région. Il précise que de 2013 à 2016, « la production de semences de qualité dans la sous-région est passée de 183 000 à 267 000 tonnes grâce aux initiatives du Programme semencier ouest-africain (Psao/Wasp) ».

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