Imprimer
Commentaires
Sénégal

Le crowdfunding, une alternative encore timide

Publié le 20/07/2023 - 14:41
Parcelle irriguée d'un projet crowdfunding au Sénégal. Photo : Gora Talla Ngom

Malgré les difficultés que rencontre le monde agricole africain pour trouver des financements, le crowdfunding ne trouve pas encore un écho majeur au Sénégal. Le financement participatif pourrait cependant être une solution alternative à la recherche de fonds bancaires. Ce mode de financement innovant permet aux porteurs de projet de concrétiser leurs initiatives.

« Baye seddo », qui signifie en français « cultiver et se partager la récolte », est le slogan wolof, un dialecte sénégalais, qui explique le lien intrinsèque existant entre l’agriculture et le social au Sénégal. Un concept très souvent assimilé à celui de crowdfunding ou financement participatif, soit un outil de collecte de fonds opéré à partir d'une plateforme Internet permettant à un ensemble de contributeurs de choisir collectivement de financer directement et de manière traçable des projets identifiés. Généralement utilisé en complément d'autres outils de financement, comme les prêts d’honneur, les emprunts bancaires, les microcrédits… le crowdfunding est également un moyen de constituer un programme ou projet de développement autour des communautés. Au niveau du continent africain, les fonds levés au profit de projets locaux sont assez modestes à ce jour. Cependant, le crowdfunding enregistre une croissance soutenue et plus que significative sur le continent.

La Banque mondiale estime le potentiel de ce type de financement en Afrique à 1 375 milliards de FCFA à l’horizon 2025. Au Sénégal, le pays de la Teranga, le crowdfunding permet de financer des projets agricoles, immobiliers et aussi des associations. Constituées à majorité de projets sociaux et de donations, les initiatives de crowdfunding n’ont malheureusement pas trop évolué dans le pays. C’est du moins l’avis d'Arona Ba, qui a travaillé pour le lancement d’une plateforme de crowdfunding en 2016. Il soutient que le marché « n’est pas nature ». Pour ce chef de projet IT au groupe Sonatel, société de télécommunications du Sénégal, le marché de crowdfunding est une alternative plus ou moins sûre pour beaucoup de jeunes entrepreneurs africains qui font malheureusement face aux difficultés de financements. À la question de savoir si le secteur agricole pourrait être une aubaine pour ces jeunes entrepreneurs, la réponse est oui ; selon la BAD, l’agriculture emploie près de 70 % de la main-d’œuvre en Afrique, mais le secteur tarde à séduire les jeunes qui préfèrent partir ou tenter d’autres aventures vers l’Occident.

Si les jeunes sont de moins en moins attirés par l’entreprenariat agricole dans la plupart des pays africains, c’est parce que les porteurs de projets se heurtent à des difficultés : ils peinent à accéder aux financements ainsi qu’à des services d’accompagnement, d’assistance, d’orientation et de conseil. Ils sont confrontés à plusieurs obstacles et plus généralement à un manque d’encouragement de la société dans son ensemble. Pour contourner le circuit de financement traditionnel, le crowdfunding est l’un des dispositifs appropriés pour permettre aux entreprises agricoles qui ont un fort potentiel de développement de pouvoir bénéficier facilement de financement. De la terre à l’assiette, en passant par l’utilisation des innovations technologiques, les jeunes entrepreneurs africains peuvent s’approprier cette méthode simplifiée de levée de fonds pour concrétiser leurs initiatives dans le domaine agricole.

Au Sénégal, la plupart des structures qui accompagnent les porteurs de projet sont des fonds d’investissement, qui sont jusqu’ici majoritairement financés par des institutions, et également la diaspora pour ce qui est des projets agricoles. Le développement de ce système de financement se justifie entre autres par « l’émergence d’une classe moyenne à l’échelle continentale, la rapide pénétration d’Internet et des technologies mobiles sur le continent et surtout par les besoins de financement importants des TPE/ PME africaines », selon une étude menée par la Banque des États de l’Afrique centrale en 2018. L’Afrique connaît un progrès économique important, avec une croissance de 4,1 % en 2022 selon le dernier rapport de l’ONU. Les pays africains se placent ainsi au-dessus de la croissance mondiale, estimée à 3 %. Malgré ce taux de croissance, les PME, qui représentent 45 % de l’emploi et près de 90 % de l’investissement privé, rencontrent des difficultés à trouver des financements.

Ajouter un commentaire

Pour ajouter un commentaire, identifiez-vous ou créez un compte.

Nos publications

  • Circuits Culture
  • Cultivar Élevage
  • Cultivar Leaders
  • Culture légumière
  • L'arboriculture fruitière