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Covid-19 : 50 millions de personnes menacées par la faim en Afrique de l’Ouest

Publié le 22/04/2020 - 15:10
Les populations rurales et paysannes sont particulièrement exposées au risque de pénurie alimentaire, comme ici au Burkina Faso. Photo : Sylvain Cherkaoui/Oxfam

Alors que va débuter le ramadan, Action contre la Faim, Apess, Care, Oxfam, RBM, Roppa, Solidarités International et Save the Children alertent sur l’impact du coronavirus auprès des milieux ruraux et des paysans. Le nombre de personnes en crise alimentaire « pourrait passer de 17 à 50 millions entre juin et août en Afrique de l’Ouest », selon la Cedeao.

En Afrique de l’Ouest, les populations sont confrontées à des difficultés d’accès aux marchés alimentaires, notamment une hausse des prix, et à une baisse de la disponibilité de certaines denrées de base. C’est la conséquence du confinement et de la fermeture des frontières.

« En quelques jours, le sac de 100 kg de mil est passé de 16 000 à 19 000 F CFA et le litre d’huile pour la cuisine a presque doublé, explique Amadou Hamadoun Dicko, président de l’Association pour la promotion de l’élevage au Sahel et en Savane (Apess). Pour les éleveurs, le prix du sac de tourteau de coton destiné à nourrir les animaux a augmenté. »

Dans les pays confrontés à des crises humanitaires, l’accès à la nourriture est devenu plus difficile. Au Burkina Faso ou au Niger, l’aide humanitaire ne parvient plus à couvrir les besoins des milliers de déplacés. « Les dispositifs d’urgence sont plus vitaux que jamais », alertent les huit organisations internationales dans un communiqué commun.

Alors que débute la saison agricole, les producteurs et les agriculteurs rencontrent des difficultés pour accéder aux semences et aux engrais. L’agriculture contribue à 30 % à l’économie de l’Afrique de l’Ouest. C’est la principale source de revenus pour plus de 70 % de la population, principalement pour les femmes. « Nous avons perdu 75 % de notre marché à cause du confinement de la ville de Bobo Dioulasso. Cette situation est intenable car on ne peut plus supporter les charges de nos treize employés et payer nos fournisseurs », explique Toe Hazara, promotrice de la laiterie Café Rio, au Burkina Faso.

Les communautés pastorales sont également impactées. Elles ne peuvent plus assurer la transhumance du bétail. Celle-ci est rendue impossible à cause de la fermeture des régions ou des frontières. Cela risque aussi d’augmenter les conflits entre éleveurs et agriculteurs. « L’instauration du couvre-feu restreint la possibilité d’abreuver les animaux pendant la nuit, du coup l’affluence autour des points d’eau est très forte pendant la journée », explique Ismael AG, éleveur membre du Réseau Billital Maroobé (RBM).

Pour surmonter cette crise, les agriculteurs, éleveurs, pêcheurs et acteurs de la transformation agroalimentaire comptent sur le soutien des Gouvernements. Ibrahima Coulibaly, président du Réseau des organisations paysannes et des producteurs de l’Afrique de l’Ouest (Roppa), attend « une prise de conscience des décideurs politiques et des citoyens en encourageant la production et la consommation locale ».

Les responsables des réseaux d’organisations paysannes et des ONG internationales appellent l’ensemble des Gouvernements à « contrôler les prix, assurer l’approvisionnement des marchés en denrées alimentaires issues des exploitations familiales et les transports de marchandises et à mettre en place des filets sociaux, pour venir en aide aux plus vulnérables ».

Les organisations appellent à la solidarité régionale, internationale et des bailleurs de fonds aux États ouest-africains, aux organisations paysannes et à la société civile pour les aider à « affronter cette crise dans un contexte régional fragile ».

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