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Côte d’Ivoire

Une plateforme pour la sécurité alimentaire

Principal tubercule consommé en Côte d’Ivoire, le manioc – ici sur un marché  de Bingerville – est nécessaire à la sécurité alimentaire du pays. Photo : DR

Récemment installée près d’Abidjan, la plateforme technique Wave aide les producteurs de manioc à sécuriser leur culture. Avec en toile de fond, le maintien de la sécurité alimentaire dans la sous-région.

Lancé en 2015 grâce à un financement de la Fondation Bill & Melinda Gates, le programme central and west african virus epidemiology (Wave) a été érigé en Centre régional d’excellence par la Cédéao. Objectif : donner aux agriculteurs les moyens de protéger leurs cultures.

Basé à Bingerville, près d’Abidjan, Wave est une plateforme technique au service de la sécurité alimentaire en Afrique1. Des résultats de ses recherches sur le manioc participent à la réduction de la pauvreté sur le continent. Ces dernières années, des producteurs de manioc ont été confrontés à plusieurs maladies provoquées par des phytopathogènes. D’autres ont subi des dégâts causés par la chenille légionnaire d’automne ou le criquet pèlerin. D’où la nécessité de bâtir des systèmes nationaux et régionaux de biosécurité de surveillance et de riposte.

En cela, le Wave développe des méthodes de contrôle et de gestion des maladies des plantes. Objectif : prévenir l’incursion de maladies dans de nouvelles zones et augmenter de manière durable la production alimentaire en Afrique.

Au pôle scientifique de l’université Félix Houphouët-Boigny (UFHB) à Bingerville, des scientifiques montent la garde. Trois laboratoires ont vu le jour, pour un montant de 500 millions de FCFA. Dans ces laboratoires ultra-équipés, Justin Pita, directeur exécutif du Centre, dirige une unité de virologues et d’entomologistes, plus des étudiants.

L'Ebola du manioc

Une surveillance particulière a été mise en place pour deux maladies du manioc : la mosaïque africaine et la striure brune. « Ces deux maladies mettent en péril le rendement de nos exploitants, explique Justin Pita. Elles provoquent des pertes de rendement allant de 40 à 70 %. Soit une perte économique de 2 à 3 milliards de dollars en Afrique subsaharienne. »

Découverte en Tanzanie dans les années 1930, la striure brune du manioc menace l’Afrique de l’Ouest. Selon Justin Pita, « nos pays connaîtront une grave pénurie de manioc dans quelques années si rien n’est fait pour lutter efficacement contre cette pathologie, surnommée l’Ebola du manioc ». En Côte d’Ivoire, une pénurie se traduirait par de longs mois sans attiéké ou placali, les plats traditionnels. Dans de nombreux pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre, le manioc s’est imposé comme une culture stratégique pour la sécurité alimentaire. La filière emploie de nombreuses femmes dans les plantations, la transformation et la commercialisation des produits.

Le manioc constitue un aliment de base pour près de 800 millions de personnes à travers le monde, dont près de 500 millions d’Africains. Il a été baptisé « culture du XXIe siècle » par la FAO. L’Afrique en est le premier producteur mondial (57 %). Mais le continent enregistre le rendement moyen le plus faible avec 10 tonnes/ha en 2016 contre 21 t/ha en Asie.

Durant les seize derniers mois et en dépit des restrictions liées à la pandémie, 1 130 producteurs, multiplicateurs de boutures de manioc et agents vulgarisateurs ont été formés aux méthodes de lutte contre les maladies du manioc en Côte d’Ivoire.

(1) Wave s’appuie sur un réseau regroupant les universités et les instituts de recherches de dix pays : Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire, Gabon, Ghana, Nigeria, RDC, Sierra Leone et Togo.

 

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