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Mauritanie

L’agriculture malgré l’aridité…

Publié le 07/03/2018 - 09:12
Périmètre irrigué dans la vallée du fleuve Sénégal. © M. Naïli

Les réformes foncières ont permis un essor des cultures végétales autour du fleuve Sénégal, au sud du pays. L’objectif prioritaire étant, pour le gouvernement, d’assurer la sécurité alimentaire de sa population.

 

 

Avec une superficie globale de 103 millions d’hectares, la Mauritanie est le 11e plus vaste pays d’Afrique. Mais, compte tenu de l’aspect aride et sec de son climat, le pays ne dispose que de 2,2 millions d’hectares de SAU (surface agricole utile), soit 2 % seulement de la superficie totale du territoire.

La Mauritanie se caractérise par des reliefs difficiles, ses sols sont à 80 % squelettiques, peu différenciés et pauvres en minéraux. Le Nord et le Centre du pays sont constitués de massifs montagneux de 400 à 800 mètres de hauteur alors que la plus grande partie du pays est constituée d’alignements dunaires qui se couvrent de pâturages pendant la saison des pluies et permettent la pratique des cultures pluviales. La superficie des terres cultivables est très réduite. Ces ressources pédologiques font face à une dégradation alarmante des sols causée principalement par les érosions éoliennes et hydriques mais aussi par l’exploitation irrationnelle des terres.

Le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz inspecte un marché de produits agricoles au Sud du pays. © M. Naïli

Néanmoins, aussi faible soit-il, le portefeuille foncier mauritanien dédié à l’agriculture jouit d’une exploitation optimale. Cela reflète la volonté des pouvoirs publics dont la priorité est d’assurer la sécurité alimentaire des populations locales.

La quasi-totalité des terres fertiles de la Mauritanie se situent au Sud du pays, le long de la vallée du fleuve Sénégal. C’est l’unique zone où les disponibilités en eau sont en mesure de répondre aux besoins de l’irrigation.

Outre l’élevage, principalement ovin et caprin, qui y est fortement pratiqué, plusieurs cultures sont pratiquées dans la vallée du fleuve Sénégal, comme Maghama, Gorgol, Kaédi ou Rosso. Selon les dernières statistiques de la Banque mondiale et de la FAO, l’agriculture occupe plus de 65 % de la population totale du pays, soit près de 2,6 millions d’habitants. Elle participe à hauteur de 33 % au PNB (produit national brut).

Les terres cultivables sont concentrées autour du fleuve Sénégal.
Des défis à relever

Les principales cultures dans le pays sont le riz, les légumineuses, le sorgho, le maïs, l’orge, les légumes (tomates, oignons), la pomme de terre et les dattes. Concernant l’élevage, le cheptel total mauritanien comptait fin 2015, près de 9 millions d’ovins, 1,7 million de bovins, près de 5 millions de caprins et 1,4 million de chameaux. La pêche, qui est la principale richesse naturelle du pays, constitue 57 % des recettes d’exportation du pays, selon les statistiques douanières.

En dépit des phénomènes de sécheresse et de désertification, les agriculteurs mauritaniens parviennent à maintenir leurs activités agricoles grâce aux politiques d’aide et d’appui menées par les pouvoirs publics et à leur faveur des instances internationales comme la FAO ou la Banque mondiale.

Malgré toutes ces lacunes naturelles, les experts estiment que la Mauritanie a un potentiel agricole important. C’est pourquoi le gouvernement est appelé à procéder à l’extension des périmètres cultivables par le biais de la mise en valeur des plaines qui se trouvent le long du fleuve Sénégal et de l’amélioration des variétés de cultures et des technologies.

L’élevage de camélidés – ici la vaccination – est important en Mauritanie. © PM

 

Gestion du foncier : la Mauritanie mise sur l’implication des femmes et des petits exploitants
Bien que, depuis son indépendance, la Mauritanie n’a connu que deux principales lois relatives aux terres agricoles, l’attribution et l’exploitation des périmètres cultivables sont soumises à une politique relativement efficace comparativement aux autres pays de la région.
Comme le résume l’agroéconomiste Salikou Ould Aghoub dans son étude « l’expérience de la gestion foncière », « l’État mauritanien n’a pas jugé utile de se doter d’une loi foncière. Il s’accommodait avec la loi de 1960 (indépendance du pays), portant réorganisation domaniale, où cohabitaient le droit traditionnel de la tenure des terres et le droit moderne ».
Il a fallu attendre 1983 pour que le pays connaisse sa première réforme foncière postindépendance. Les principaux objectifs sont « la libération de la terre pour mieux booster un développement agricole durable et équitable qui renforce la stabilité sociale à travers l’accès de tous à la terre » et « une meilleure répartition des ressources foncières. »
Pour concrétiser ces objectifs, un ensemble de mesures était prévu, visant à réduire les disparités entre les différentes couches de la société. Ces mesures sont essentiellement la nationalisation de la terre par l’intégration des terres mortes dans le domaine de l’État, l’abolition du système traditionnel de tenure foncière, le rattachement du droit de propriété aux personnes physiques ou morales, l’obligation pour les communautés d’individualiser leurs terres et l’obligation de leur mise en valeur pour éviter une jachère prolongée pouvant conduire à leur abandon.
Les changements apportés en matière de gestion des terres agricoles en Mauritanie ont connu une accélération notable dès le milieu des années 1990, avec la mise en œuvre d’un nouveau mode d’attribution des terres et leur exploitation. On note dès 1995 l’implication active des exploitants avec l’appui du Fida (Fonds international de développement agricole).
Intitulé « entente foncière », le concept s’appuie sur un contrat entre l’État et les propriétaires terriens. Cela a permis d’atténuer les conflits entre les exploitants à travers l’abolition de certaines pratiques archaïques comme la reconnaissance du droit des propriétés traditionnelles ou celle du mode de faire-valoir traditionnel basé sur le droit coutumier.
Depuis 2015, le principe d’entente foncière en Mauritanie est renforcé par l’implication active des organisations représentatives des populations - comités villageois, comité des sages, notables propriétaires, représentants des paysans - avec des « directives volontaires » et un accompagnement technique de la FAO.

Les femmes sont fortement impliquées. © M. N.

 

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