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Nigeria

Une usine d’aliments pour résoudre les conflits

Publié le 29/08/2016 - 10:28
Le ministre de l’agriculture et du développement rural, Chief Audu Ogbeh, le président de l’Assemblée nationale, Yakubu Dogara et des hommes d’affaires nigérians et étrangers. Photos : droits réservés.

C’est Atiku Abubakar, ancien vice-président du Nigeria (1999-2007), qui a construit cette usine dénommée Rico Gardo. Il fait le pari que la production d’aliments peut maintenir les éleveurs sur place et mettre fin aux conflits avec les agriculteurs…

 

Située à Numan, dans l’État d’Adamawa au nord-est du Nigeria, l’unité Rico Gardo a été mise en place pour résoudre les besoins d’aliments pour animaux dans le nord-est du Nigeria. Avec une production de 50 000 tonnes d’aliments par an, cette usine a, pendant des années, satisfait les besoins en aliments dans certaines parties du nord du pays.

Utile, car les experts estiment que la disponibilité en aliments dans le nord du pays explique le fait qu’on enregistre moins de conflits entre agriculteurs et éleveurs. Alors que, au centre comme au sud, la tension est de plus en plus vive entre cultivateurs et éleveurs.

 

Violences entre agriculteurs et éleveurs

Depuis de nombreuses années, des conflits sur des droits de pâturage opposent les éleveurs peuls, nomades et musulmans, et les cultivateurs chrétiens, sédentaires. 

Les agriculteurs accusent les éleveurs de vouloir s’approprier leurs terres, tandis que les nomades se disent victimes de discriminations et privés de leurs droits fondamentaux dont l’accès aux terres, à l’éducation et aux responsabilités politiques. Selon la compagnie américaine MercyCorps, les violences entre agriculteurs et éleveurs causent annuellement un manque à gagner de 13,7 milliards de dollars. Ces conflits, selon MercyCorps, ont fait « quelque 6 500 morts sur les cinq dernières années et causés d’importants dégâts matériels ».

Dans le but de mettre un terme à ces conflits, le gouvernement nigérian a décidé de construire des espaces verts dans les 36 États de la fédération. Et onze des 36 États ont aménagé chacun 5 000 hectares pour la construction d’espaces verts.

Cependant, l’ancien vice-président Atiku Abubakar estime qu’on ne peut pas construire des réserves de pâturage sans fournir aux bergers des aliments pour animaux. Sinon, selon lui, ces bergers continueront de se déplacer. C’est la raison pour laquelle il a décidé d’installer Rico Gardo dans plusieurs parties du pays, comme cette première pierre posée pour récemment dans la zone industrielle d’Idu à Abuja, la capitale fédérale du pays.

 

Des aliments pour résoudre les problèmes de pâturage

Lors de la cérémonie, Atiku a fait savoir que « les aliments pour animaux produits en quantité raisonnable dans le pays peuvent en partie résoudre les besoins de pâturage de la population bovine et en même temps réduire la nécessité pour les éleveurs de se déplacer à la recherche de pâturage. » Une fois que l’alimentation des animaux est prise en charge, « il sera possible de contraindre les bergers et leur bétail à rester dans un endroit précis. Ils cesseront d’être une menace pour les agriculteurs dont nous dépendons pour les cultures vivrières ».

Pour le ministre de l’Agriculture, Audu Ogbeh, « les affrontements fréquents entre les éleveurs et les agriculteurs dans tout le pays ces derniers temps sont un mauvais signe pour l’avenir du secteur agricole au Nigeria. Cela menace non seulement la paix et l’harmonie, mais aussi la production alimentaire et la sécurité alimentaire à long terme, la réduction de la capacité de la nation à nourrir sa population et à être indépendante dans le concert des nations. »

Avec l’entrée des politiciens comme Atiku Abubakar dans le secteur agricole, on tend sans doute non seulement vers la fin des conflits entre les agriculteurs et les éleveurs qui constituent une menace à la sécurité alimentaire pour le géant d’Afrique, mais peut-être aussi vers la résurection du secteur agricole. Un secteur longtemps négligé au profit du pétrole qui ne profite plus aux Nigérians.

 

Zoom : des villages attaqués
Récemment, dans le village de Nimbo dans l’État d’Enugu dans le sud, une centaine d’éleveurs peuls munis d’armes à feu, d’arcs, de machettes et de sabres ont pris d’assaut le village endormi, tirant sporadiquement et forçant des centaines de villageois à fuir vers les villages alentour.
En avril dernier, 15 villageois avaient été tués et leurs maisons brûlées dans l’État de Taraba, dans l’est du Nigeria, dans une attaque similaire.
Dans les États de Benue et du Plateau dans le centre du pays, ces violences entre communautés sont récurrentes et ont fait récemment des centaines de morts dans la région d’Agatu, dans l’état du Benue.

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