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Climat, sécurité alimentaire, eau…

Les défis agricoles du Maroc

Publié le 15/11/2017 - 11:49
La maîtrise de l’eau - ici le goutte-à-goutte -, reste un enjeu essentiel pour le Royaume. Photo : DR

Les enjeux majeurs du Plan Maroc Vert restent la sécurité alimentaire, l’emploi et la bonne maîtrise de l’eau. Il faut aussi faire coexister agriculture intensive et production traditionnelle.

 

De prime abord, le Maroc a pris l’engagement de faire du développement durable la pierre angulaire de sa politique de développement. Ainsi, le royaume a très tôt compris l’importance du potentiel agricole dans le développement durable. Car le développement du secteur primaire aura pour conséquence directe celui des secteurs secondaire et tertiaire dans une vision physiocratique.

 

Le Plan Maroc Vert entre défis et obstacles

Depuis les indépendances, l’agriculture marocaine a connu des problèmes qui ont fini par mettre à mal sa croissance. La solution adoptée par le royaume était de mettre en œuvre trois plans : le Plan quinquennal (1960-1964), le Plan triennal (1965-1967) et le Plan quinquennal (1968-1972). Malheureusement ces plans n’ont pas réussi à surmonter les faiblesses et à relever les défis. Face à ces difficultés, le secteur agricole est, certes, resté le principal secteur de l’économie marocaine, mais il a connu des oscillations dues aux aléas climatiques.

De nombreux accords ont été mis en place comme l’Accord d’association avec l’Union européenne et l’Accord d’Agadir, sans oublier le Plan Maroc Vert pour la lutte contre les changements climatiques.

Qui dit agriculture marocaine dit Plan Maroc Vert. Ce PMV, qui a pour objectif de faire de l’agriculture un moteur de croissance de l’économie marocaine, repose sur deux socles : le premier pilier consistant en un développement agressif d’une agriculture à haute valeur ajoutée et très forte productivité et ciblant les zones à fort potentiel agricole. Et le second pilier qui repose sur une implication de l’État et vise la relance de l’agriculture traditionnelle ou solidaire dans les régions défavorisées. Cette seconde approche est basée sur une intervention directe de l’État. Ce dernier projette de mobiliser au niveau de ces régions 20 milliards de Dhs d’investissements à l’horizon 2020, au profit de 840 000 agriculteurs. L’intervention est axée sur l’accompagnement solidaire de la petite agriculture.

Ceci dit, le PMV se présente comme une stratégie holistique visant un développement équitable et durable du secteur agricole dans son ensemble. Le but étant de renforcer la sécurité alimentaire du pays. À l’horizon 2020, il est prévu aussi de réduire la sole céréalière de 20 %, soit un million d’hectares relevant des régions marginales à vocation non céréalière. Celles-ci seront reconverties en arboriculture fruitière, dans le cadre des projets de l’agriculture solidaire du PMV. Ces plantations joueront ainsi un rôle important d’adaptation au changement climatique, tant en matière d’amélioration des revenus des agriculteurs que d’atténuation de la dégradation des sols.

Cependant, les problématiques de fond, plus délicates, restent un tabou. Les cadeaux fiscaux, si généreux à l’égard des grands Fellahs, n’ont pas pu garantir au Royaume son indépendance alimentaire. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : plus de la moitié du blé est importée ; le maïs et les huiles végétales sont importés à 100 % et le sucre à plus de 60 %.

 

L’agriculture intensive et l’emploi, comme ici lors de la cueillette des fraises au nord  du pays, font partie des priorités du Plan Maroc Vert. Photo : DR

 

De la gestion de l'abondance à la gestion de la rareté

La gestion de l’eau est aussi d’une importance capitale. Souffrant d’un stress hydrique alarmant, le Maroc risque une baisse de productivité agricole. Pour pallier cela, le Royaume doit faire des politiques énergétiques efficaces pour une bonne optimisation des ressources en eau. En effet, le Maroc étant l’une des régions de la planète les plus touchées par le réchauffement climatique (inondations, raréfaction des pluies, stress hydrique…), il est appelé à revoir sa gestion des ressources tant dans l’abondance que dans la rareté. L’idée principale est de créer des emplois, par exemple dans la gestion opérationnelle (cycle de vie, coopération avec les acteurs externes, régulateurs ou consommateurs…), ou dans la surveillance (respect des critères techniques, de conformité avec les lois et les normes environnementales).

 

De la féodalité au développement durable

Afin de valoriser les richesses naturelles du Maroc, le ministère de l’Agriculture et de la Pêche maritime organise chaque année le Salon international de l’agriculture de Meknès. Ce Siam est une occasion pour favoriser le développement local, notamment dans les zones marginales. Pour les analystes, il est aujourd’hui grand temps d’opter pour une réforme de l’agriculture marocaine dans l’espoir d’asseoir les priorités, mais surtout de rompre avec un système féodal, malheureusement souvent présent dans le monde rural.

Pour cela, il faut une transition basée sur l’efficacité énergétique pour une durabilité de l’environnement agricole au Maroc. En effet, l’agriculture durable est une opportunité de création d’emplois dans plusieurs secteurs. Le renforcement du secteur financier est aussi crucial pour atteindre les objectifs de durabilité. C’est pourquoi certains vont même jusqu’à proposer deux approches : une approche produit qui consiste à proposer des produits « écologisés » qui vont contribuer à la protection de l’environnement ; et une approche de financement qui consiste à financer l’exploitation agricole jusqu’à l’écoulement de ces produits et cela dans un souci d’efficacité énergétique. En outre les banques ou dispositifs de financement ou société d’État, doivent s’engager à soutenir et à financer l’ensemble des acteurs de cette transition agricole.

 

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