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L’histoire de quatre jeunes en RDC

Hier chômeurs, aujourd’hui agri-preneurs

Publié le 20/01/2020 - 12:35
Justin Kithima dans un champ de culture vivrière.

L’histoire de quatre jeunes gens qui, ne trouvant pas d’emploi après l’université, se sont tournés, avec succès, vers l’agriculture et l’élevage. Nous les avons rencontrés. Témoignages.

Face au défi de l’emploi, quatre jeunes du territoire de Lubero, tous détenteurs d’un diplôme universitaire, ont décidé de se tracer un autre chemin de vie : ils se sont lancés dans l’agriculture et l’élevage. Un métier que beaucoup de Congolais diplômés n’aiment pas. Mais Serge Simboni, Justin Kalehgesere, Sikuli Demande et Justin Kithima gagnent désormais leur vie en faisant la culture des vivriers, l’élevage des abeilles et des poissons. « Juste après mes études, je passais mon temps à chercher un emploi mais sans succès, raconte Serge, aujourd’hui technicien en développement rural. Aujourd’hui, grâce à l’agriculture, j’ai une vision plus claire de mon avenir ». À 6 heures du matin, le jeune homme est déjà levé. « Il est temps, allons travailler ! », lance-t-il à ses amis, houe à la main et sac sous le bras.

Le travail du jour consiste à sarcler les patates douces, entretenir les étangs, nourrir les poissons, surveiller les abeilles… Pendant ce temps, un soleil paresseux se fraie un passage dans le ciel de Kanyabayonga, localité située à cheval sur le territoire de Rutshuru et de Lubero, à l’est de la RDC. Un peu de fraîcheur dans les champs, des cris d’oiseaux, le vent léger qui souffle… C’est dans ce milieu naturel que ces jeunes ruraux passent désormais la plupart de leur temps. « Plus besoin d’envier ceux qui travaillent dans des ONG. Nous faisons de l’agriculture ! » affirme Sikuli, en désherbant autour d’un étang piscicole. Il a, comme ses collègues, troqué ses stylos contre les outils agricoles. 

« Une pseudo ONG »

Serge, Justin, Sikuli et Justin habitent le même quartier. « Avoir un diplôme sans emploi, on est comme une coquille vide », ironise Justin, diplômé en gestion des entreprises. En quête d’emploi juste après ses études en 2014, il s’est fait escroquer : « Des gens d’une pseudo ONG m’ont appelé au téléphone me demandant d’envoyer 500 $ pour m’embaucher. J’ai envoyé l’argent, mais depuis, ils sont injoignables », déplore-t-il. C’est alors qu’il s’est tourné vers ses trois camarades d’université dont l’expérience de recherche d’emploi s’était également soldée par un échec.

« 500 $ la saison »

Du coup, en 2015, les quatre jeunes ont décidé d’essayer ensemble l’agriculture. Une voie qu’ils qualifiaient eux-mêmes, au départ, de drôle d’idée. « On n’a pas besoin d’une recommandation pour faire de l’agriculture, mais de vision et de détermination », estime Justin Kaleghesere, rappelant certes que cela n’était pas facile du tout au départ. « Nous avons usé de notre force physique pour cultiver », dit-il. 

Et voilà ! Après la première saison agricole, les quatre jeunes ont déjà récolté une vingtaine de sacs de maïs et de haricots. « Nous avons vendu une partie de la production pour acheter des planches avec lesquelles nous avons fabriqué des ruches pour loger les abeilles, explique Serge. Nous avons aujourd’hui une cinquantaine de ruches dans lesquelles nous récoltons du miel tous les trois mois. » Et d’ajouter : « C’est une bonne affaire, on peut y gagner jusqu’à 500 $ la saison ! »

Les quatre jeunes visionnaires ont associé à leurs activités l’élevage de poissons. « L’agriculture promet. Nous voulons exploiter tous ses domaines », explique Serge en montrant six étangs piscicoles récemment aménagés. « Nous élevons des tilapias et espérons qu’au bout de quelques années, nous serons parmi ceux qui nourriront la région », se prend-il à rêver.

Serge, Justin, Sikuli et Justin ont vaincu le chômage. Aujourd’hui, chacun d’entre eux rêve à de beaux lendemains. « Je voudrais me marier bientôt ! » se projette Justin. Il exhorte les jeunes qui hésitent encore à se tourner vers l’agriculture pour gagner leur vie. Serge conclut par cette phrase pleine d’espoir : « Le Congo changera avec des idées positives et réalistes. » Et l’agriculture en fait bien sûr partie.

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