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Sanogo Malamine, DG du Conseil coton anacarde de Côte d’Ivoire

« Nous devons transformer la moitié de la production d’anacarde d’ici 2020 »

Publié le 05/09/2016 - 12:41
Sanogo Malamine (à gauche) a exposé le projet de sa filière  au président Alassane Ouattara (à droite). Photo : DR

Après avoir expliqué les actions menées au cours de l’année 2015 pour faire de la Côte d’Ivoire le premier producteur mondial de noix de cajou, Sanogo Malamine appelle à transformer plus de 50 % de la production dans le pays. Objectif : garder de la valeur ajoutée et créer de l’emploi. Entretien.

 

La Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial de noix de cajou. Quel est le volume de production projeté pour 2016 ?

Précisons que la production de 2015 a été de 700 000 tonnes faisant de la Côte d’Ivoire le premier producteur mondial et consolidant également sa place de premier exportateur mondial. Pour la campagne 2016, l’objectif est de maintenir ce cap de 700 000 tonnes en insistant sur la qualité. 

La filière anacarde a généré à elle seule 337 milliards de FCFA en 2015. Mais l’amélioration de la gouvernance au sein de la filière reste un défi majeur. Quelles sont les solutions que vous envisagez pour la rendre meilleure ?

L’amélioration de la gouvernance passe par la mise en place de structures représentatives des acteurs. Cela implique un effort des acteurs eux-mêmes pour se constituer en structures stables et fonctionnelles. La crédibilité de ses structures accroît le répondant de part et d’autre dans les discussions pour la filière, notamment la fixation des prix. Parallèlement aux actions de sensibilisation et de renforcement des capacités des acteurs, le Conseil du coton et de l’anacarde joue un rôle de garant de l’équité et de la transparence dans les relations entre les différents maillons de la chaîne de valeurs.

Trois projets ont été lancés par le gouvernement pour accroître le taux de transformation des noix de cajou par la Côte d’Ivoire. Quelles en sont les grandes déclinaisons ?

La transformation demeure un défi et un objectif majeur à moyen et long terme pour la filière et pour le gouvernement. Il s’agit de créer un équilibre par une capacité à contrôler le volume de noix brutes sur le marché. Combinée aux efforts d’augmentation de la production par les autres pays producteurs - africains surtout -, la hausse fulgurante de la production ivoirienne peut devenir un handicap pour le marché du cajou. L’ambition est donc de parvenir d’ici 2020 à transformer localement au moins la moitié de la production.

Trois grandes initiatives gouvernementales sont en cours. Elles sont pilotées soit par le ministère de l’Industrie soit par le Conseil du coton et de l’anacarde sous la direction du ministère de l’Agriculture.

Quelles sont ces trois grandes initiatives ?

• La mise en place d’une usine école ou Centre des technologies du cajou dans la technopole de Yamoussoukro en collaboration avec l’université des technologies de Ho Chi Minh City et l’Institut polytechnique Houphouët-Boigny de Yamoussoukro. L’objectif est de créer un centre de formation aux métiers du cajou et un incubateur de technologies.

• Un programme accéléré de transformation de l’anacarde qui, sur la base d’une approche PPP, devrait permettre d’installer une unité de taille moyenne et des unités satellites de petites tailles dans les grands centres de production du cajou.

• Un Salon international des équipements et des technologies de transformation de l’anacarde. Ce Sietta sera conçu comme un rendez-vous bisannuel pour les promoteurs d’équipements et de technologies de transformation et pour les promoteurs d’unités et les investisseurs. À cela, il faut ajouter un programme d’assistance technique aux unités installées piloté par le ministère de l’Industrie.

La production de 2015 a été de 700 000 tonnes faisant de la Côte d’Ivoire le premier producteur mondial de noix de cajou.  Photo : Kurapy/Fotolia

Quel est le plan d’action pour faire de cette filière un vivier d’emplois des jeunes déscolarisées issus des régions productrices ? 

Il est un peu tôt pour parler d’un bilan surtout au niveau d’un aspect aussi crucial que celui de l’emploi. Toutefois, nous pouvons noter que le déploiement du dispositif de contrôle des activités sur le terrain a permis la création d’une centaine d’emplois permanents. Pour améliorer la qualité des noix ivoiriennes, un dispositif de contrôle du taux d’humidité mis en œuvre à travers des prestataires privés a entraîné le déploiement d’une centaine d’agents de contrôle qualité dans les entrepôts portuaires à Abidjan et à San Pedro.

Le dispositif d’encadrement des producteurs mis en œuvre par l’Anader a déjà permis de recruter plus d’une centaine de conseillers agricoles. De même, un programme de vulgarisation des nouvelles variétés d’anacardiers devrait, à terme, permettre l’installation d’une vingtaine de pépiniéristes pour la multiplication et la commercialisation de ces plants.

Qu’en est-il des acheteurs et des exportateurs ?

Au-delà, l’engouement autour de l’anacarde suscité par la réforme permet d’enregistrer un accroissement du nombre d’exportateurs et d’acheteurs de noix de cajou. Ceux-ci sont passés respectivement de la cinquantaine à près de la centaine et d’environ 800 à plus de 1 000.

Ainsi, globalement, la mise en œuvre de la réforme aura permis en moins de deux ans de créer ou de consolider plus d’un millier d’emplois. 

Toutefois,  nous restons convaincus que l’essentiel du potentiel de création d’emplois réside dans la transformation locale. D’où le grand intérêt qu’accordent le gouvernement et le président de la République à cette question.

 

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