Imprimer
Commentaires
Tuo Lacina, président d’Intercoton

«  Nous avons redonné une image de marque au coton ivoirien »

Publié le 05/09/2016 - 12:22
Tuo Lacina, président du conseil d’administration d’Intercoton. Photo : Moussa Camara

Malmenée par la guerre de la fin des années 2000, la filière coton retrouve ses lettres de noblesse.
Elle vise la première place africaine et est reconnue comme un modèle par le gouvernement ivoirien.

 

En 2008, vous êtes arrivé à la tête d’Intercoton, juste avant la crise militaro-politique dans le pays. La filière cotonnière ivoirienne se portait très mal. La production était à son plus bas niveau à environ 120 000 t. Depuis, les choses se sont considérablement améliorées. La Côte d’Ivoire a produit 450 000 tonnes de coton en 2014-2015. Quelles ont été vos recettes ?

Tuo Lacina : Notre arrivée s’est inscrite avec le plan stratégie de relance du coton. Il avait été adopté par le ministère de l’Agriculture et les partenaires techniques et financiers (PTF). En 1999, la Côte d’Ivoire a connu son coup d’Etat. À ce moment-là, un acteur était défaillant, en l’occurrence la FCCI. Elle ne payait pas les producteurs. Ceux-ci commencèrent à se décourager. Résultat, les producteurs avaient commencé à se désintéresser de la culture.

Et alors…

T. L. : Alors, nous sommes arrivés avec ce projet de relance de la filière coton. Nous n’avons fait que mettre à exécution des programmes qui avaient déjà été arrêtés. Donc, vous voyez que ce n’est pas une recette magique. Mais, nous avons travaillé pour redonner une autre image à la filière. C’est-à-dire, amener les acteurs à comprendre l’intérêt d’une interprofession.

Votre organisation est citée en exemple. Elle a été la première à se conformer à l’Ordonnance sur les interprofessions agricoles. Quel sentiment cela vous procure ?

T. L. : Un sentiment de joie et de fierté d’être à la tête d’une structure reconnue comme modèle et félicitée par le gouvernement. Nous devons cela aux acteurs de la filière. Vous pouvez être un bon manager, mais si vous n’avez pas de bons éléments pour exécuter vos programmes, vous n’aurez pas de bons résultats. Tout est basé sur la vision et la compréhension des acteurs. Or, ceux-ci jouissaient d’une volonté de mettre en place une interprofession qui décide, avec les instances de l’État, de mener des actions utiles à la filière.

«  Nous avons redonné une image de marque au coton ivoirien ». © Lulu/Fotolia

 

Après cette relance de la production, quels sont vos prochains défis ?

T. L. : Notre objectif était d’atteindre 450 000 tonnes. C’était le point d’équilibre. Trois ans après notre arrivée, nous avions déjà dépassé les 350 000 tonnes. L’appétit vient en mangeant. L’objectif de 450 000 tonnes est atteint. Mieux, les usines construites ont une capacité d’absorption de 600 000 tonnes. Maintenant, il faut améliorer les conditions de travail pour saturer les usines en coton en quantité et en qualité.

Sont-elles atteintes ?

T. L. : Pour le moment, nous avons atteint la bataille de la quantité. Mais la qualité laisse à désirer. Nous travaillons à cela et à un label ivoirien du coton. C’est notre objectif. Toute la chaîne de valeur – producteurs, filateurs, triturateurs – devront en bénéficier. 

Produire 600 000 tonnes de coton graine d’ici deux ans et à moyen terme occuper la première place africaine. C’est l’objectif qui vous a été fixé par le gouvernement. Pensez-vous qu’il est réalisable ?

T. L. : Produire les 600 000 tonnes n’est pas impossible. De plus, c’est notre capacité d’usinage. Mais, aller au-delà, je ne crois pas. En produisant les 600 000 tonnes, il faut avoir les moyens nécessaires pour les enlever avant la saison des pluies. Déjà, avec les 450 000 tonnes de l’année dernière, nous avons eu des problèmes d’enlèvement du coton et cela a nuit à la qualité. Le coton mouillé perd sa qualité et les fils se cassent.

Avoir la première place, je ne crois pas, parce que les pays limitrophes comme le Mali et le Burkina-Faso ne comptent pas lâcher leur leadership vu que c’est leur première culture de rente. Mais, je ne dis pas qu’il faut se contenter de la troisième place. Nous allons mettre en place des infrastructures qui peuvent absorber les cotons dans un délai raisonnable avant la saison des pluies.

 

Ajouter un commentaire

Pour ajouter un commentaire, identifiez-vous ou créez un compte.

Nos publications

  • Circuits Culture
  • Cultivar Élevage
  • Cultivar Leaders
  • Culture légumière
  • L'arboriculture fruitière